LA SAISON 2021 – 2022
Le mardi 5 juillet 2022, vers les 19 heures, les organisateurs du Grand Prix Littéraire du Golf ont remis aux 3 lauréats de la saison 2021 – 2022 les lots prestigieux, offerts par nos partenaires : RESONANCE GOLF COLLECTION, VERYGOLFTRIP, CALLAWAY, GOLFSTARS, GOLFTECHNIC, GOLF EN VILLE, LES ÉDITIONS S&CO, IGGYBOOK, AMPHORA, EDITIONS DU VOLCAN, LES PRESSES LITTÉRAIRES, EDITIONS HOH
Cela a été une superbe soirée où la littérature et le golf se sont unis dans un échange profondément humain, où rien ne semblait pouvoir venir interrompre cette communion entre des esprits qui savait autant manier la petite balle blanche que les stylos.
Le Premier Prix a été décerné à Monsieur Jean-Christophe BUCHOT, de BOULOGNE-BILLANCOURT (92) pour
« FAIR-PLAY », l’histoire d’une déculottée infligée par une grand-mère.

Présentation de l’auteur :
Jean-Christophe Buchot, coach en stratégie et communication, préparateur mental, est passionné de golf depuis près de 20 ans. Son dernier ouvrage, L’Albatros, parcours de vie, explique en quoi ce jeu peut devenir un formidable outil de connaissance et de maîtrise de soi pour performer sur les fairways et au-delà. Sa nouvelle, Fair-Play, illustre son approche du golf, école de savoir-être.
FAIR-PLAY
Mon meilleur souvenir de golf ? C’est celui d’une raclée. Une déculottée même. Une dérouillée. Infligée par une grand-mère.
Ce jour-là, j’avais décidé de profiter de ma matinée pour découvrir le links d’Étretat. J’avais pris soin d’arriver la veille au soir, histoire d’avoir le temps de faire mes 18 trous avant mon rendez-vous professionnel prévu à Fécamp, à 14 heures.
Au départ du 1, j’agite énergiquement mon driver, histoire de débloquer mes épaules. La météo est au top, et je me sens d’humeur à dévorer ce fameux parcours en bord de mer. Je m’imagine à St Andrews quand je vois une élégante femme aux cheveux blancs, prenant appui sur une canne, se diriger vers moi. Je lui demande alors poliment ce qu’elle cherche.
« Je viens pour le départ de 8 heures », répond-elle avec un léger accent anglais, en me montrant sa canne… qui n’était autre qu’un bois de golf !
« Ah !… O.K. Nous aurons donc le plaisir de jouer ensemble », bafouillé-je, étiquette oblige. Mon intention est claire : la devancer tellement avec mon drive qu’elle n’aura d’autre choix que de me laisser filer devant elle. Je ne me suis pas levé à la première heure pour partager la promenade de santé d’une old lady. C’est là que je balance direct ma balle à plus de 250 mètres, plein fairway ! N’en revenant pas moi-même, je saisis l’occasion pour me présenter.
« Bravo ! Moi, c’est Mary », répond-elle en rejoignant les boules rouges.
Mary observe attentivement le parcours et respire profondément quand elle s’avance vers sa balle. Elle prend bien le temps de s’installer confortablement, tout en fixant régulièrement sa cible, avant de dérouler un nuage de swing ! La balle s’envole pour s’arrêter quelque 130 mètres plus loin, plein centre.
– Ça vous dirait de faire un match-play ? me propose-t-elle. Le perdant offre le thé !
Euh… Certes, son coup de bois est pour le moins inattendu. Reste qu’elle n’a absolument aucune chance : j’ai la moitié de son âge, et 14 clubs ! Mais comment refuser ? J’accepte le défi, sans grand enthousiasme.
Parvenue à sa balle, elle recommence son étrange routine, savant mélange de concentration et de relaxation, puis envoie son projectile à 130 mètres, d’un trait. Je la félicite, mais elle est encore loin du green !
Après mon super drive, il me reste, d’après mes jumelles, un coup de 158 mètres pour atteindre en 2 ce petit par 5. Malheureusement, ma balle part trop à droite et s’enfonce dans le cœur de sable qui défend le green surélevé.
À son troisième coup, Mary reproduit son coup de bois lunaire, qui s’arrête à deux mètres du drapeau !
Depuis le bunker, je frôle d’un rien le mât, et finis 4 mètres trop long.
Je comprends que le match-play sera plus disputé que prévu, mais me rappelle que Mary n’a pas de putter… À moi de jouer : je me place à 10 centimètres du trou.
« Donné ! » m’accorde mon adversaire.
Je viens de faire le par. C’est son tour : sa balle glisse vers le trou comme aspirée… Birdie ! Elle vient de me planter un birdie avec son seul bois.
« Wow ! Vous m’épatez, bravo ! One-down », concédé-je.
Elle me remercie en se penchant souplement vers le trou pour en extraire sa balle.
Dix trous plus tard, rien ne s’est passé comme prévu. Après m’être accroché comme si ma vie en dépendait, je suis déjà laminé : Mary a brillamment remporté les 10 premiers points, en faisant juste un coup de moins que moi à chaque trou. Je viens de subir la plus grosse défaite que l’on puisse se prendre au golf en match-play.
Il n’est pas dix heures que l’affaire est bouclée. Impressionné, je complimente sincèrement celle qui restera my fair lady : « Quelle partie, quelle leçon ! J’ai donné mon meilleur golf, merci Mary ! Voudriez-vous finir le parcours, avant que je vous offre un rapide déjeuner ? J’ai un rendez-vous très important après ».
« Avec plaisir », répond-elle en levant triomphalement son bois 6.
J’invite donc volontiers Mary, qui prend soin de choisir ce qu’il y a de plus cher au menu, le tout arrosé de Champagne ! Mais mon humiliation et mes billets perdus sont compensés par la qualité de la discussion : Mary a évolué au plus haut niveau, et je comprends alors que cette ancienne championne s’amuse à taquiner l’ego des joueurs en les piégeant avec ses petits paris…
La journée n’était pas finie. J’étais en retard et devais me précipiter à mon entretien d’embauche avec le patron de W. SA, société fécampoise de saurisserie. Ma mission : promouvoir leur produit phare, le hareng saur sec, sec, sec – mais haut de gamme !
M. W. est vraiment un BIG boss, massif comme une armoire normande.
À ma grande surprise, il m’accueille chaleureusement, comme s’il me connaissait de longue date. Après quelques échanges de banalités, il m’annonce, riant franchement : « Votre CV indique que vous êtes passionné de golf. Ça tombe bien, je ne recrute que des golfeurs ! C’est grâce à eux si le Débarquement a été un succès, estimait Churchill. Alors, j’ai demandé aux directeurs des parcours des environs de m’informer de toute réservation à votre nom ces jours-ci… Et ça n’a pas manqué ! Je vous ai aussitôt envoyé ma mère. Non seulement elle sait manier son petit bois comme personne, mais elle est remarquablement douée pour sonder les âmes. Et elle vous donne la note de 10/10 en stratégie, détermination et sportivité. Bref, elle vous recommande à 100 % ! Vous êtes un vrai golfeur. Pour moi, c’est décidé : je vous souhaite la bienvenue dans l’équipe W. ! Mais on ne va pas se mettre au travail dès maintenant ! Que diriez-vous d’aller prendre votre revanche contre moi ? »
Le Deuxième Prix a été décerné à Monsieur Christian JAURENA, de VILLEFRANQUE (64) pour :
« IL DOIT Y AVOIR UN GOLF À PECS », une réunion de travail aussi désopilante que surprenante.

Présentation de l’auteur :
Dans ma première vie, j’ai été journaliste de sports, notamment à Libération puis à L’équipe. J’y ai découvert le golf en relisant les papiers de nos reporters (André-Jean Lafaurie à Libé, Pierre-Michel Bonnot à L’Equipe). J’ai adoré regarder ce sport bien avant de le pratiquer avec assiduité (obstination?), entre l’Aveyron et le Pays Basque, dans ma seconde vie de retraité.
IL DOIT Y AVOIR UN GOLF À PECS
Mais ça va durer longtemps encore ? Il est bientôt dix heures, lundi matin et, en attendant, le boulot n’avance pas. Il faudra travailler plus tard, ce soir. Moi qui comptais aller taper des balles… Ce n’est pas le premier chef — cheffe, en l’occurrence — qu’on nous présente et qui se sent obligée de faire son speech à rallonge. J’ai vingt-cinq ans de boîte, j’en ai vu arriver une bonne dizaine et autant repartir.
Il faut l’admettre, je n’en ai pas vu beaucoup d’aussi sexy que celle-là. Enfin, avant qu’elle ne commence à parler et fasse disparaître peu à peu tous les sourires, principalement masculins, que son apparition avait provoqués. Le covid, ou plutôt l’après-covid, a eu raison de Paul Roquette, tout HEC qu’il était. Objectifs pas atteints, les Américains l’ont dégagé. Certainement pas avec une poignée de mains. Mais quand même, ça n’a pas traîné.
À sa place, avec tout le fric qu’ils lui ont filé, je me serais fait plaisir en achetant une nouvelle série de fers sur mesure. Les mêmes que Ian Poulter, je l’adore ce mec, même si je lui laisse ses pantalons. Mais je le connais le Paul. Grâce à son réseau, ses anciens copains de promo, il doit déjà être à un rendez-vous d’embauche ou peut-être bien en train de tenir, à ses nouveaux subordonnés, le discours qu’il nous avait tenu, il y a trois ans, quand il était arrivé à Rodez.
Est-ce qu’elle tiendra trois ans, Céline Mileski ? Pour l’instant, à en juger par l’état de stupeur dans lequel elle a plongé la salle, c’est plutôt nous qui nous demandons si elle n’est pas venue de Hongrie, rien que pour organiser la délocalisation de notre site de production vers celui de Pécs, 400 kilomètres au sud de Budapest.
Elle a commencé fort, sans prendre de gants. Je ne sais même pas si elle a dit bonjour avant de balancer : « Vous devez bien vous douter que si le siège de la Compagnie m’a dépêchée d’urgence en Aveyron, ce n’est pas pour vous féliciter ». Et ça dure depuis plus d’une heure. De plus en plus, précise, de plus en plus vache. On en prend tous pour notre grade. Elle envoie du bois. Pas le genre de femme à partir des rouges, si vous voyez ce que je veux dire.
« On n’est pas là, pour se faire engueuler… ». À un moment, j’ai décroché et j’ai pensé à mon père qui chantait du Boris Vian quand maman commençait à rouspéter parce qu’il était rentré trop tard. Lui, ce n’était pas le golf qui le retenait dehors, mais la belote coinchée, avec un pastis et les copains. Tel père, tel fils. Tu parles ! Papa, c’était un champion avec les cartes, il remportait des concours, rapportait des lots à la maison et même de l’argent, mais ça, c’était un secret entre nous deux.
C’est quand la dernière compétition où j’ai gagné quelque chose ? Je parle en net, évidemment. Le brut, je ne le touche que du bout des lèvres, dans une flûte. Ça n’était pas hier, en tout cas. Pourtant j’y ai cru, au début. Si je n’avais pas slicé mon drive du 9, direct dans le lac, j’aurais pu boucler un aller de rêve en + 3. Mais je me suis noyé avec cette balle. La croix sur le 9, je l’ai portée jusqu’au 13. Un bogey, deux doubles et même un triple. Et l’autre abruti qui avait commencé à jeter ses clubs à chaque coup raté n’en loupait plus un depuis son birdie au 9.
J’étais furieux. Je m’étais levé à 5 heures et demie ; j’avais fait 150 kilomètres pour aller jusqu’à Seihl ; je m’étais fait flasher sur la rocade de Toulouse parce que j’avais laissé mon Coyote dans la Mini de Marie. Tout ça parce que, samedi, j’avais eu la flemme de sortir mon
chariot et le sac pour installer le siège enfant dans ma voiture. Bref, je me demandais à quoi bon. Pourquoi tant de temps perdu, loin de ma petite famille ou de mes vrais amis ? Pourquoi tant d’acharnement et tant de frustrations ?
Je me posais aussi une autre question, bien plus fondamentale : comment fait-on pour bien taper dans la balle ? Et là, entre le green du 13 et le départ du 14, j’ai retrouvé le truc. Mais oui, bien sûr, il faut que je déclenche avec la hanche. À partir de là, j’ai sauvegardé mon net et l’autre brute a recommencé à jeter ses clubs. Bon perdant, il a payé la bière pour se faire pardonner.
« Je vous préviens, à Austin, ils n’en ont rien à faire des particularismes français. Si vous ne redressez pas la barre d’ici la fin de l’année, la délocalisation deviendra la solution inévitable… » Elle a dit Austin ? Là où Scottie Scheffler a remporté le championnat de match-play sur le magnifique parcours du Country Club ? C’est là-bas qu’il faudrait nous délocaliser.
J’y suis parti direct. Je me suis vu, « one up » au départ du 17, ce par-3 vicieux avec un green large, mais très peu profond et tout en pente. Bien en rythme, tourne jusqu’à voir la balle derrière l’épaule, sans forcer, fais confiance au club et surtout, surtout, démarre avec la hanche. « Vous devrez travailler plus. Vous aurez donc moins de temps pour vos loisirs ou… pour jouer au golf ». J’ai sursauté. Elle m’a surpris en plein swing imaginaire à Austin. Elle a dit ça en me regardant droit dans les yeux.
Dix heures et demie. C’est fini, mais je me sens grillé. Sur le mail de convocation, il était précisé qu’un café et des viennoiseries seraient partagés à l’issue de la réunion afin que la nouvelle boss fasse individuellement connaissance avec tous les responsables de services. Quand vient mon tour, j’ai eu le temps de soigner mon introduction. Je n’en mène pas large, mais, perdu pour perdu, je me lance : « J’ai l’impression qu’avec vous, je vais partir avec un handicap ».
Et là, miracle, le fauve Mileski se transforme en Céline taquine et souriante : « Cela dépend de votre index. Moi, je suis 6,2. Et vous ? »
Il doit y avoir un golf à Pécs.
Le Troisième Prix a été décerné à Monsieur Romain LIZÉ, de POITIERS (86) pour :
« LE JARDIN DE MONSIEUR ANDRÉ », une rencontre golfique et émouvante en bord de mer.

Présentation de l’auteur :
Je me consacre depuis plusieurs années à l’écriture sous diverses formes : romans, scénarios, nouvelles, chroniques cinéma. J’avais dix ans lorsque j’ai foulé mon premier green. Ce concours était l’occasion de mettre en mots les émotions incomparables qui ont jalonné mes années de pratique. En littérature comme en golf, je crois en la répétition de gestes précis pour atteindre l’excellence.
LE JARDIN DE MONSIEUR ANDRÉ
Nous passions chaque mois d’août dans une petite maison de famille plantée à quelques kilomètres de l’Atlantique. Épargnés par le tumulte de la côte, mes parents et moi coulions des étés calmes à l’ombre d’une allée de pins maritimes. L’été 2007 aurait pu ressembler au précédent si un personnage énigmatique ne s’était pas installé sur le terrain jouxtant notre propriété : un petit homme dont la lèvre supérieure était recouverte d’une épaisse moustache blanche. Une haie encore plus touffue que sa moustache empêchait de voir la manière dont il avait transformé ce terrain à l’abandon. Les rares fois où Monsieur André passait dans l’allée avec son filet à provisions, il rentrait la tête dans ses épaules en ignorant les timides salutations des voisins.
La rencontre a eu lieu une semaine après notre arrivée. Alors que mes parents, écrasés par la chaleur, décidaient de ne pas aller à la plage cet après-midi là, je me contentais de quelques clapotis dans une pataugeoire gonflable posée sur notre pelouse. Soudain, j’ai entendu des bruits étranges : des petits claquements secs qui provenaient de derrière la haie de Monsieur André. Je me suis faufilé à travers les branchages pour identifier l’origine des sons. C’est là que j’ai aperçu le petit homme debout sur un carré de pelouse coupée à raz. Il était muni d’une longue tige en métal dont l’extrémité servait à frapper une balle pour la faire rouler dans un trou. L’activité m’a d’abord paru farfelue. Je suis pourtant resté assis en tailleur au milieu des thuyas, hypnotisé par la précision de ses gestes. Après une dizaine de minutes, une voix grave m’a extirpé de ma méditation :
– Tu ne veux pas essayer au lieu de jouer à l’enfant sauvage ?
Je suis sorti de la haie, l’air penaud. Il m’a confié son putter en m’expliquant les règles du golf. À première vue, cela paraissait très simple.
– Un des plus grands joueurs de cartes de l’histoire a dit qu’il fallait cinq minutes pour apprendre les règles du poker, mais toute une vie pour en maîtriser le jeu. C’est la même chose au golf, petit. Le hasard en moins, et le grand air en plus.
Tandis que je réalisais la difficulté de la discipline en envoyant les balles partout sauf dans le trou, Monsieur André me racontait son histoire.
-J’ai parcouru toute ma vie la côte atlantique à bord de mon camion de glaces. À 35 ans, j’ai rencontré la femme de ma vie lors d’une fin de saison sur la côte d’émeraude. Elle a décidé de me suivre dans mon estafette qui sentait la vanille et la pistache. Une vie heureuse qui coulait doucement le long de l’océan… Jusqu’à son départ précipité. Sillonner les routes n’avait plus de sens sans elle. J’ai vendu mon camion. Mes minces économies m’ont permis d’acheter le terrain en friche et d’y construire cette petite baraque faite de bric et de broc. Mais quelque chose me manquait… Lors de mes voyages à travers les bourgades côtières, j’observais de loin les terrains de golf. Ces étendues de verdure, de sable et d’eau me plongeaient dans un profond sentiment de sérénité. J’ai commencé à suivre les compétitions professionnelles sur une petite télévision accrochée à l’arrière du camion. Le coup de foudre a été instantané. En m’installant ici, j’ai créé ce parcours miniature pour faire entrer un peu de lumière dans ma nouvelle vie… Ça ne t’intéresse pas du tout ce que je te raconte ?
Mon esprit d’enfant était occupé par le jeu que je venais de découvrir, mais ses paroles me touchaient. Je les entends encore résonner aujourd’hui. Le vieil homme m’a ensuite dit de retourner chez moi, que l’initiation était terminée, qu’il souhaitait rester seul. J’ai compris qu’il avait besoin de temps pour panser la blessure du deuil.
Le jour suivant, à la même heure que la veille, j’ai laissé mes parents partir sans moi à la plage. Je n’entendais pas le bruit du putter, mais j’ai quand même franchi la muraille de thuyas. Monsieur André s’est avancé vers moi avec une tasse dans chaque main.
-J’ai fait du thé vert à la menthe, il n’y a rien de mieux pour se rafraîchir !
Il éclata des noix avec l’extrémité de son putter, nous en dévorions les cerneaux sans évoquer le douloureux souvenir confié la veille. Nous avons joué jusqu’au soleil couchant sur ce green qu’il entretenait avec l’attention qu’on porte à un jardin zen.
Des années plus tard, après avoir répété ce rituel tous les étés, j’ai décidé de lui faire une surprise. Venant tout juste d’obtenir mon permis de conduire, je me suis garé devant sa maison sans lui révéler notre destination. Il est monté dans ma voiture avec un air suspicieux. Quelques minutes plus tard, alors qu’un parcours de golf se dessinait sur la mer comme un îlot jaillissant des flots, Monsieur André s’est tourné vers moi.
-Je vais faire tache ici. C’est pas mon élément.
-Je ne vois pas comment un homme qui aime autant ce sport pourrait faire tache ici.
Cette journée ensoleillée a été une révélation. Je n’avais jamais vu son visage aussi rayonnant qu’à la fin des dix-huit trous. Il venait de trouver l’endroit qu’il recherchait inconsciemment durant ses décennies d’itinérance.
Dans ce golf de bord de mer où les têtes changent avec les saisons, Monsieur André est rapidement devenu une figure incontournable. Pas un jour ne passe sans qu’il vienne taper quelques balles en lançant un mot gentil à toutes les personnes qu’il croise.
Et parfois, quand la chaleur du jour s’évapore en déformant l’horizon, il lui semble apercevoir le visage de sa femme qui se superpose au fairway.
Une image tombée du ciel qui caresse son paradis terrestre.





LA SAISON 2020 -2021
Le 6 juillet 2021, le Comité a remis les lots aux gagnants du Grand Prix Littéraire du Golf, à Saint-Cloud, à Golf en Ville.
Le Premier Prix a été décerné à
Monsieur François VARAY de PLOUHA (22) pour
« TRENTE ANS ET DEUX JOURS », une belle histoire pour un retour au golf.

Présentation de l’auteur :
François Varay, 61 ans, breton, golfeur, baigné très tôt dans un univers golfique et littéraire. C’est une rupture amoureuse qui lui a fait arrêter le golf pendant trente ans et deux jours ! Autre passion : l’écriture avec un premier roman « Laura » qui a reçu le Prix Amok et un roman sur le secret de Mayerling qui sera bientôt publié.
Nouvelle primée :
TRENTE ANS ET DEUX JOURS
Camille vérifia la date du jour et la compara avec celle du ticket qu’elle tenait entre les mains. Elle avait extirpé le papier verdâtre de son volumineux et antique sac de golf, qui agonisait depuis des lustres sous sa cheminée, caché derrière des bûches qu’elle ne voulait même pas utiliser. Le green-fee indiquait Golf du Touquet, Parcours de la Mer, et un timbre à date avait figé le temps au 21 juin 1989. Ce jour-là, elle avait quitté le club, seule. Ce jour-là, elle avait renoncé à ce sport maudit. Plus rien ne l’intéressait. Et surtout pas le golf.
Trente ans et deux jours. C’était le temps qui s’était écoulé depuis qu’elle avait pour la dernière fois ouvert la fermeture éclair de ce sac, cette poche où logeait son gant, moisi aujourd’hui, ses tees, et la Titleist 4 qu’elle jouait le jour du drame. Comment oublier, comment pardonner au destin ?
Elle et son fiancé Alain se faisaient une joie de disputer cette compétition au Touquet. On était en juin. Les Écossais disent que le golf se joue par tous les temps, y compris par beau temps. Mais cette chaude journée de juin n’était pas une journée propice au golf. Camille terminait son parcours, abordant le 18 avec la certitude de la victoire. Elle gagnait souvent. Lui parfois. Ils s’aimaient, ils aimaient le golf. C’est au club qu’ils s’étaient rencontrés, et avaient communément admis que le golf était l’école de la vie. Des moments difficiles, des déceptions, des frustrations, mais un seul bon coup vous redonnait le sourire. Avec le golf, ils savaient tous deux qu’ils étaient armés pour tout affronter, tout réussir, que rien ne les arrêterait.
Ce jour de juin au Touquet, Camille vit le ciel s’obscurcir brutalement, le sable voler sous le coup d’un vent inattendu. Plus qu’un trou à jouer, elle souriait, elle se sentait tellement puissante que ce n’était pas un grain, même violent, qui allait la déstabiliser. Le ciel, devenu noir d’encre, en décida autrement et se zébra d’éclairs bleutés. Le tonnerre fut assourdissant. Elle fut désemparée, mais, sage, se souvint qu’on a l’obligation de s’arrêter de jouer sous l’orage, et de se protéger, en courant loin de tout arbre et en abandonnant ses clubs. D’ailleurs la voiturette du comité remontait trou après trou pour enjoindre les golfeurs de s’arrêter. Sous des trombes d’eau, elle vit encore des éclairs bleutés, longs et sauvages comme l’été. C’était puissant, c’était beau. Elle avait rejoint le club-house depuis un quart d’heure lorsqu’à travers les fenêtres, elle vit une autre lumière, intrigante, clignotante, bleutée elle aussi qui se reflétait sur les boiseries très anglaises du club-house. Puis des flashes oranges. Des cris, de la stupeur envahissaient le bar, comme si l’orage avait pénétré la salle. Les coupes qui attendaient sur une nappe blanche semblaient se moquer de l’effroi ambiant. Camille reverrait toujours sa Capitaine des Jeux venir vers elle, la prendre dans ses bras, rester un long moment en silence avant de lui dire qu’Alain avait été foudroyé.
Depuis elle avait tout essayé. D’abord de faire face, de travailler, et même une fois de tenter de rejouer. Mais le muscle le plus important pour le golfeur est le cœur, et le cœur n’y était plus. Alors elle avait essayé l’alcool, puis la dépression. Elle s’était ensuite adonnée à la psychothérapie, aux antidépresseurs, au valium. Tout y était passé, la destruction de sa vie était une chose qu’elle contemplait, sans tenter de chercher ni à la comprendre ni à l’endiguer.
Elle avait tout essayé. Tout, sauf se remettre au golf. À la faveur d’un nettoyage de sa cheminée, elle avait retrouvé ce gros sac de golf blanc, planqué sous les bûches, maintenant grisâtre, qui avait été le compagnon de sa vie. Alors elle avait osé l’ouvrir, poche après poche. Elle avait retrouvé ses fers en acier, ses bois en persimon, son archaïque putter qu’elle n’avait jamais voulu changer. Et ce dernier ticket de green-fee dont l’encre n’avait même pas voulu pâlir.
Trente ans et deux jours. Est-ce assez pour guérir ? Peut-on recommencer là où la vie s’est arrêtée ? Et si la vengeance sur le destin lui redonnait la force de swinguer ? Et si rejouer était la meilleure façon d’honorer Alain ? Et si, à travers ce bout de papier donnant le droit de jouer, c’était lui, Alain, qui lui disait : Fais-le en mémoire de moi ! Rejoue ! Prends ton fer 7, ta balle et just swing it !
Et si elle troquait ses cachets contre quelques balles de practice ?
Au club, on lui dit qu’on ne la retrouvait pas dans les classements. Forcément, rétorqua-t-elle, les ordinateurs n’existaient pas quand j’ai arrêté. C’était quand ? Il y a trente ans et deux jours. Vous devez passer une carte verte. Une quoi ? Elle montra le ticket. Bon, elle pourrait jouer. Son nouvel index serait 54. Ah bon, on dit index maintenant ? Plus handicap ? Et c’est 54 ? Plus 28 pour les femmes et 24 pour les hommes ? Elle s’acharna. Semaine après semaine, elle gagna en sagesse ce qu’elle avait perdu en puissance. Bien sûr, la rotation de son corps n’était pas parfaite. Mais elle se souvenait de ce que disait toujours Alain : Le Golf est un sport de lancer. Alors, elle lança. D’abord beaucoup trop fort, puis avec plus de timing. Le rythme, la précision, et enfin, de façon presque surprenante, le plaisir devinrent ses nouvelles armes. Le putting, les approches, tout revenait. Elle s’inscrivit au championnat du club. La météo était épouvantable : une tempête, des rafales à 120 km/h, une pluie battante, les fairways de ce links argileux furent vite inondés. Ses partenaires voulaient abandonner. Elle leur rétorqua sèchement qu’au golf on n’abandonne jamais, sauf sous l’orage. Elle jouait mal, très mal, elle était trempée. Elle ne voyait rien, mais elle était heureuse. Elle finit dernière. La plupart avaient abandonné. Elle leva les bras au ciel. Elle avait gagné contre elle-même.
Ce fut sa plus belle victoire.
Le Deuxième Prix a été décerné à
Madame Dominique ARMAND-SCHAAR pour
« BAAAAALLE », un moment savoureux de suspens et d’humour.
Présentation de l’auteure :
Dominique Schaar, née le 16 mai 1954.
Passionnée de lectures en tous genres depuis l’âge de 12 ans, puis de golf une cinquantaine d’années plus tard, j’ai découvert l’écriture de nouvelles grâce au 2ème confinement. Je joue en moyenne 3 à 4 fois par semaine, mais bizarrement mes résultats sont inversement proportionnels à mon assiduité… les arbres ayant une fâcheuse tendance à renvoyer mes balles 10 m derrière moi, quand ce ne sont pas les plans d’eau qui les attirent irrésistiblement.
Nouvelle primée :
BAAAAALLE
– 4° C. De gros nuages gris et bas qui n’annoncent rien de bon. Un temps à rester sous la couette, sans culpabiliser, avec un thé, un bouquin, l’ordi et le téléphone. Mon activité préférée. Enfin, mon activité préférée n°2 depuis trois ans. Voilà pourquoi, en ce glacial dimanche 27 décembre, au lieu de rester au chaud à cuver les excès de l’avant-veille, je me lève tôt, enfile un pantalon imperméable fourré de polaire, que je double avec un collant de laine qui gratte et une paire de guêtres, je superpose Damart, cachemire, doudoune et coupe-vent, et, cerise sur cet improbable gâteau, je coiffe –devrais-je dire décoiffe– mon brushing de Noël d’un ridicule bonnet à pompon. Affublée de cet accoutrement qui transformerait Miss France en bibendum, je sors dans le froid et monte dans ma voiture givrée, dans la joie et dans la bonne humeur, pratiquer mon activité préférée n°1. Non je ne vais pas dévaler les pistes de Val d’Isère derrière un beau moniteur, ni pécher le saumon dans une rivière glacée de l’Idaho. Je vais juste jouer au golf. Ou plutôt, je vais me cailler pendant 4 h, glisser dans la boue, me défoncer l’épaule à cause du sac trop lourd, pourrir ma doudoune Moncler dans les ronces à la recherche de mes balles égarées, contenir non sans peine une vingtaine de jurons, envoyer au moins 4 de mes jolies balles roses dans l’eau, et promettre d’arrêter ce sport et de me mettre à la broderie après cette calamiteuse partie. Ça fait envie hein ? Haha ! Et demain, j’y retourne. Voilà ma vie. J’en redemande, et j’adore ça ! Vous vous dites que je suis maso ? Mais non en fait vous ne vous le dites pas, car vous êtes golfeurs vous aussi !
Me voilà donc au départ du trou n°1. Mes camarades de jeu habituels ayant opté pour l’activité n°2, la glande au chaud, je me lance toute seule, sous un léger crachin breton. Je vous passe les quatre premiers trous, avec leur lot de tops, air shots, sorties de bunkers râtées, puts catastrophiques, et autres sockets. J’en suis à moins 3 balles. Départ du n°6. Ce trou n’est pas mon ami. Un par 5. Une mare aux canards bordée de buissons, mes balles l’adorent, dogleg à gauche, et de grands bouleaux justes au milieu, histoire de boucher la vue et les trajectoires. Je me concentre, j’arme mon driver, et je donne tout ! Joli bruit, belle envolée, je suis la balle des yeux, contente de moi. Puis plus rien, 36 chandelles et noir complet.
« Madame ? » « Madame ? » Qui me parle ? Qui me tapote les joues ? J’ouvre un œil. Un deuxième. Je vois deux gros trous de nez penchés sur moi. J’ai un mal de crâne monstrueux et je sens un liquide gluant et chaud couler entre mes deux yeux. Je suis glacée, au sens propre et au sens figuré. Je panique. Où suis-je, qu’est-ce qu’il m’arrive ? Enfin je distingue 4 ou 5 personnes penchées sur moi, médecins, pompiers, directeur du golf. Grosse grosse angoisse qui monte. Je croasse « Qu’est-ce que j’ai ? » « Tout va bien ma petite dame, détendez-vous. Vous avez reçu une balle en pleine tête, on vous emmène à l’hôpital. » Une balle ? On m’a tiré dessus ? Et il me demande de me détendre ? Au secours, je vais mourir. Quelqu’un me colle un masque sur le visage, je retombe dans les vapes. Je me réveille dans le camion des pompiers. Il y en a deux penchés sur moi. Deux canons. Ils me sourient. « Ça va madame ? » Oui en fait ça va beaucoup mieux. Tant qu’ils restent là, à me regarder comme ça, je suis aux anges. Ça doit être l’uniforme. Un peu comme l’effet produit par le moniteur de ski. Ou l’excès d’oxygène peut-être. 4 heures plus tard, je sors de l’hôpital avec un énorme bandage autour de la tête, aussi ridicule que mon bonnet, mais blanc et sans le pompon. Une ambulance me ramène chez moi. Ah oui au fait on ne m’a pas tiré dessus. Enfin pas avec une arme à feu. Avec une balle de golf. Rose. Je m’allonge sur le canapé du salon quand le téléphone sonne. Mon avocat. J’ai un avocat moi ? Ça doit être Cyril, le directeur du golf, qui l’a contacté. « Ne vous inquiétez pas, Madame. Nous retrouverons la personne qui vous a attaquée. Il faut porter plainte, nous demanderons des dommages et intérêts. » Je raccroche, un peu sceptique. Et j’ai un flash. Je revois ma balle, rose, fuser droit sur le bouleau du milieu… et revenir vers moi, juste avant de m’écrouler. On peut porter plainte contre un bouleau ?
Le Troisième Prix a été décerné à
Monsieur Pierre CHAUDESAYGUES de BOULOGNE-BILLANCOURT (92) pour
« JE NE SUIS PAS UNE CATIN », ou le conciliabule d’une balle de golf qui ne se laisse pas faire.

Présentation de l’auteur :
Directeur des chaînes Canal+ Sport à l’International, Pierre CHAUDESAYGUES a toujours été amené dans son métier de journaliste à raconter des histoires au travers des nombreuses émissions et des différentes productions pour la télé.
Passionné de la petite balle blanche, il a été l’un des artisans à la création de la chaîne GOLF+ (Groupe Canal+).
Nouvelle primée :
JE NE SUIS PAS UNE CATIN
Voilà plus de quatre heures que je passais de main en main. Sans ménagement, mais avec toujours beaucoup de bienveillance. Quatre heures tantôt à me faire claquer les fesses, traiter de tous les noms d’oiseaux possibles, tantôt à me faire nettoyer, câliner, embrasser. Il soufflait le chaud et le froid en permanence et j’avoue que j’avais du mal à savoir ce qu’il voulait, vraiment, si ce n’est que je sois docile avec lui. Quelle drôle d’idée. Comme toutes mes copines, je n’avais pas été préparée à ça.
Au départ ce matin, les choses s’annonçaient pourtant sous les meilleurs auspices. Cela m’avait vraiment fait bonne impression. Une serviette toute neuve et très douce m’avait caressée de la tête aux pieds. On avait même pris le soin de me baigner dans de l’eau chaude. Puis pendant que je me laissais aller entre des doigts experts – le bain chaud ça vous détend – j’avais senti une sensation désagréable dans le dos. Une drôle d’inscription que je ne comprenais pas, mais qui semblait indispensable pour pouvoir entrer dans le panthéon des champions. Je ne suis pas très fan des tatouages. Celui de ma date de naissance me suffisait largement. Il avait été pensé et réfléchi par mes parents et avait une signification. Il validait mon appartenance au gang des ‘’top players’’ et j’en étais très fière. Franchement celui qu’on venait de me faire était loin d’être une œuvre d’art. On aurait pu me demander mon avis. À la limite si on m’avait dessiné un ‘’Modigliani’’ ou un ‘’Picasso’’ j’aurais surement accepté.
Enfin, on m’avait présenté mon maître. Une main ferme, des gestes assurés, précis, je sentais quelqu’un de rassurant sur lequel je pouvais m’appuyer. On m’avait prévenue : les relations pouvaient être parfois tumultueuses, mais j’étais très excitée à l’idée de le découvrir. Le début de notre histoire était plutôt tranquille. Il me faisait découvrir les différents lieux dans lesquels j’allais travailler. D’abord, un bac à sable où j’avais le sentiment de retomber en enfance. Puis un tapis très soyeux où je pouvais me rouler dans un sens puis dans l’autre. Tout ça ressemblait au paradis. À chaque fois qu’on changeait de lieu, j’avais droit à mon taxi personnel. Un peu sombre, mais très agréable et relativement chaud.
Puis sans prévenir, le ton avait d’un coup changé. Alors que je commençais juste à prendre la mesure de mon nouvel emploi, j’entendis qu’on appelait mon patron d’une voix grave et solennelle. Le tout encouragé par des cris et des ‘’come on’’, ’come on !’’.
Je compris que le show allait commencer. Comme un tremblement de terre, j’eus le sentiment d’être projetée dans les airs comme une poupée de chiffon et de retomber face contre terre à des kilomètres. De vraies montagnes russes. À peine avais-je repris mes esprits que ça recommençait. Et à chaque fois, que le manège s’arrêtait, on me prodiguait de nouveaux soins. Il y avait un peu de répit avec une courte pause sur le tapis où j’avais roulé quelques heures auparavant et c’était reparti, je me retrouvais dans les airs.
J’entendais sa voix qui semblait satisfaite, j’y décelais même un peu de suffisance. Pourtant, il aurait dû le savoir. Je suis issue d’une grande famille. Mon éducation m’avait appris à rester respectueuse en toute circonstance. Et au fil du temps, je sentais qu’on faisait de moins en moins attention à moi. Ça parlait de pentes, de distances, de green, de fairways, mais presque plus de moi. De temps en temps, j’avais droit à un bisou, mais cela se faisait de plus en plus rare. Les quolibets fusaient plus souvent à mon endroit que les compliments. Il aurait dû le savoir pourtant. C’est moi et moi seule qui pouvais décider de son bonheur ou de son malheur.
Combien de mes amies avaient détruit des carrières parce que leur patron ne les avait pas respectées. Combien avaient décidé d’aller se promener dans un bois, des hautes herbes ou même se baigner dans un lac pendant leurs heures de travail.
Nous arrivions au terme de notre collaboration. Il me restait encore un dernier manège à réussir avant d’être enfin libérée. Le tapis vert qui se présentait devant moi serait le dernier. Il était immense et très vallonné. Un terrain de jeu idéal pour monter de quoi j’étais capable. La journée avait été longue. Alors quand le gazon me caressa le dos pour la dernière fois, je me sentis pousser des ailes. Comme dans un dernier sursaut d’orgueil, je m’élançais dans ce toboggan d’incertitudes. Je savais que mon maître me suivait des yeux espérant que je fasse ce qu’il m’avait ordonné. Mais voilà, pour lui j’étais une catin. Il me l’avait si souvent répété tout au long de la journée. Je me devais donc de lui montrer vraiment qui j’étais. À mesure que l’issue se rapprochait, je sentais la bronca monter autour de moi. Ça criait hurlait des ‘’In the Hole !’’ à tout rompre. Je voyais bien que j’étais l’objet de tous les espoirs.
Devant moi se présentait le dernier virage avant de plonger une dernière fois dans l’inconnu. Je devinais à quelques tours de roue le trou noir dans lequel j’étais censé plonger. Ma décision était prise. J’allais tenter l’une des plus belles figures au monde. Les ‘’waouh, nooooon, oh my god !’’ n’auguraient rien de bon pour mon maître. Je devinais qu’il allait me traiter une dernière fois de catin. Je venais de réussir, un magnifique 360° pour me percher en suspension au bord du précipice. Ma jouissance était à son paroxysme. Je tenais ma vengeance.
Il aurait dû me respecter.
FÉLICITATIONS À TOUS LES TROIS !!!




Annonce des résultats sur le site de la Fédération Française de Golf, le 8 juillet 2021 :
https://www.ffgolf.org/Actus/Federation/Grand-Prix-Litteraire-du-Golf-les-laureats
LA GENESE :
L’idée de créer un concours littéraire dédié au golf est venue un soir d’automne en période de couvre-feu, avant le confinement. Une idée lancée comme une balle de golf en cherchant sa cible. Une idée qui a plu et généré auprès de passionnés de la littérature et du golf l’envie d’aller plus loin, plus haut, l’envie de créer le premier concours de nouvelles dédié au golf.
Et il fallait qu’il se nomme Grand Prix car ce serait le premier du genre.
Retrouvez l’histoire du GPLG sur Golfstars :
https://www.golfstars.com/fr/actualites/apres-golf/grand-prix-litteraire-golf-2022
PARTENAIRES DU CONCOURS :
N’oublions pas que sans eux, le Grand Prix Littéraire du Golf n’aurait pas lieu. Citons :




- FAIRWAYS MAGAZINE, le magazine de la Culture Golf
- GOLFTECHNIC, le site du golf et des golfeurs
- GOLF EN VILLE, club de golf indoor situé à Saint-Cloud (92)
- GOLFSTARS, le moteur de recherche de tous les golfs
Ainsi que les éditeurs :




UN GRAND MERCI À TOUS !!!!